Jeudi 21 Novembre 2024 - 14h28

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Test : John Romeros Daikatana
Par Olex



Vous cherchez un bide : Daïkatana est fait pour vous. Il n'est pas connu, vous ne l'avez sans doute jamais vu et pourtant, tous les joueurs déclarent ce jeu comme le plus décevant de toute l'histoire vidéo-ludique. Pourtant tout partait sur de bonnes bases, la faute à une pression et un laxisme sans précédent.

LE jeu décourageant

Parti sur un compromis entre science-fiction et FPS, on se retrouve avec un jeu de tir à la première personne. On incarne Hiro Myamoto, un voyageur temporel de 2455 qui parcourera quatre époques différentes (Grèce antique, époque médiévale, en 2047 à San Françisco et au Japon du XXVe siècle). John Romero est la tête pensante du projet, le game designer. Commencé en 1997, le projet fut énormément bouleversé : il s'agit d'un véritable désastre tant au niveau du jeu que sa conception. Ion Storm a totalement perdu toute crédibilité depuis.

Ion Storm fut complètement exténué, a utilisé plus de 6 moteurs 3D différents, a perdu une année de salaire. En 1998, l'équipe démissionne. Mais notre beau Romero trouva de nouvelles victimes et continua à diriger de loin le projet. Aucune aide extérieure, pas de soutien, 25 millions de dollars sont partis en 15 mois. Daïkatana est obligé de sortir sur Nintendo 64 très rapidement pour espérer récupérer des parts de marché et soutenir la barre auprès de ses concurrents. Eidos intervient et intègre Todd Potter, qui sauva quelque peu l'apocalypse. La gestion est exaspérante, aucun des deux game designer ne trouve les mêmes directives. Le jeu sortira malgré tout mi-2000 sur N64, alors distribué par Kemco à cause du gouffre financier d'Eidos.

LE jeu qui fait pleurer...

Le jeu fut super-attendu, et marquait une certaine révolution (encore plus que Half-Life et Doom, assez similaires). Vous devrez tuer des ennemis et récupérer les quatres morceaux de l'épée sacrée, le Daïkatana. À la manière d'un FPS, on zigouille robots et monstres hideux.

La qualité graphique est totalement périmée : bien que le jeu en est à son 7e moteur 3D, on dirait qu'il date de plusieurs années ! On remonte alors aux prémices de la Nintendo 64, avec des tas de niveaux graphiquement juste correctes, mais mal agencés, pixelisés et reproduits à l'infini. On aura beau se déplacer dans quatre lieux différents, le joueur ne constatera pas de gros changements.

Le scénario est clairement insipide et on pourrait même dire inexistant. La cartouche a bénéficié d'une traduction houleuse, rempli de "fots d'ohtaugraf". Pas de séquences in-game, très peu de rebondissements et même la fin est anecdotique car on se retrouve avec peu de changements par rapport à notre première partie. Inquiétant.

Passons à la jouabilité du soft. Les touches sont plutôt mal disposées sur N64, de plus les actions sont bugués et incohérentes. Sinon les contrôles restent conventionnels. Daïkatana a tout de même le mérite de proposer une panoplie d'armes, hélas inutiles car seul celle de base peut vous être utile ; l'I.A. des adversaires est étrange, vous pourrez vous retrouver devant des ennemis qui ne réagiront pas. Il arrive même que vous mouriez directement quand l'ennemi vous tire miraculeusement dessus !
Dans certains niveaux vous pourrez leurs trouer les bedaines sans aucune difficulté, tandis que dans d'autres, il vous sera très difficile de rester en vie.

Dans son déroulement, on ne sait pas quel est le véritable but du jeu, excepté l'éradication de l'ennemi. On tue mais après ? Rien. Ion Storm a rajouté un petit côté jeu de rôle qui ne change strictement rien car vos capacités resteront identiques du début à la fin. Aussi, Miyamoto se verra accompagné d'alliés. Une bonne trouvaille ? Non, car leur I.A est clairement mal dosée : ils sont tellement imposants qu'ils vont éliminer une bonne vingtaine d'ennemis. Mais si celui-ci meurt, vous êtes bon pour recommencer le niveau en entier - surtout qu'il peut se bloquer dans un piège, une porte ou même sur vous !
Le jeu se révèle extrêmement bâclé : ralentissements, scripts absents, brouillard, couleurs aux choix douteux, ça rappelle Superman de Titus, en pire.

...et marrer ?

Parlons de son fun. Malgré un mode multijoueur, on sent qu'il a été mis à la hâte car seul un mode match à mort y est inclus. Pourtant c'est le point le plus réussi du jeu.
Les musiques sont horribles et ne correspondent pas au thème du jeu. Les bruitages sont plagiés des softs 16-bits et sont mal echantillonnés.

Il n'y aucun autre point positif. Le jeu s'avère pauvre et non optimisé dans tous les sens du terme. C'est triste, désopilant, il n'y aucune raison de prendre plaisir à jouer tant il y a un sentiment de vide absolu.


Verdict :

Graphismes : 08/20

Le résultat reste nettement moins bon que les ténors du genre - Turok, Doom et Quake pour ne citer qu'eux. On pourrait dire que c'est plutôt correct mais les niveaux se ressemblent tous. Aucun soin particulier n'a été apporté, le jeu reste entaché de bugs multiples, il est mal optimisé, rame sévère et les effets sont ratés. Le plat paraît bon de l'extérieur, mais l'intérieur est immangeable : c'est cet effet que vous procurera ce Daïkatana.

Jouabilité : 06/20

Beaucoup trop conventionnel, le héros reste maniable bien que lourd à diriger, et la configuration semble mal pensée. Le gameplay est fade, sans saveur, on est bien loin de la folie promis depuis 1997. Le pire est que l'on prend aucun plaisir car tout est du déjà-vu, en moins bon.

Durée de vie : 07/20

Le mode multijoueur est avare en contenu, le jeu n'affiche que 3 ennemis maximum à l'écran, les niveaux sont mal agencés. Tout a été bâclé ! Mais le jeu est instable quant à sa difficulté - tantôt si simple avec l'I.A des ennemis et tantôt si difficile avec le maintien en vie de vos collègues ou de votre vie - cela vous permettra de durer le suspense une bonne quinzaine d'heures. Encore faut-il passer outre les carences ludiques et techniques.

Bande son : 07/20

Que s'est-il passé ? Les musiques et bruitages ont été vilainement compressés, vous entendrez quelques grésillements ici et là et c'est bien dommage. Malgré tout c'est audible mais cela reste décevant.

Scénario : 04/20

Vous devez sauver le monde en récupérant l'épée Daïkatana, grâce à votre capacité à voyager dans le temps et vos techniques en art martiaux. Pourquoi pas ! Sauf que tout ceci n'évoluera pas, on fait face à du pur shoot. Bien dommage car il y avait moyen de faire mieux avec un tel univers.



Intérêt :



Le jeu est une catastrophe, et ne fait pas le poids dans la catégorie des jeux du genre sur Nintendo 64. Totalement daté, aucun plaisir, aucun effort, le vide intersidéral. L'intrigue n'est pas développée, on sent dès les premières secondes que le projet de Ion Storm fut chaotique. Il n'invente rien, et malheureusement Turok, Doom et Quake sont passés par là depuis longtemps.
Conclusion : Daïkatana 64 est et restera en désuétude perpétuelle. C'est le jeu le plus décevant de la Nintendo 64.


 
   
› John Romero's Daikatana :


 
› Informations :

Plate-forme : Nintendo 64 (N64)
Etat du jeu : Disponible
Date de sortie française : 2000
31 juillet 2000 (USA) - 7 avril 2000 (Japon)

Genre : FPS
Multijoueur : 1 à 4

Développeur : Ion Storm
Editeur : Kemco
Distributeur : Eidos Interactive


 

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